LI-18-1 La dégradation de la langue française parlée dans les médias électroniques québécois.... et à la scène humoristique . |
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HOMME D'AUJOURD'HUI |
La situation Nous assistons depuis quelques années à un retour triomphant du «franglais» et du «joual» dans nos émissions de radio et de télévision, comme si nous n'avions rien appris depuis que le frère Untel a dénoncé la «langue désossée». Nous avons l'impression très nette que les dirigeants de ces entreprises de communications sont inconscients du délabrement actuel ou s'en fichent complètement à la différence de leurs prédécesseurs qui ,dans les années cinquante et soixante, avaient réussi à faire en sorte que les animateurs, annonceurs, chroniqueurs et comédiens soient fiers de parler une langue correcte, d'utiliser un vocabulaire juste, de recourir à des expressions tirées du génie de la langue française, et, au besoin, de créer des néologismes au lieu de se contenter de copier le vocabulaire anglais. Les Richard Garneau, Bernard Derome, Judith Jasmin, René Lecavelier, Jean Gascon, Janine Sutto, Jean-Louis Roux, Luc Plamondon, Denys Arcand, ont démontré qu'il était très possible et même plaisant d'être compris par des millions de personnes dans le monde en refusant de se complaire dans un jargon tribal, un dialecte local. On a le sentiment que le franglais est particulièrement présent chez les communicateurs de Montréal alors que le joual est plutôt utilisé par ceux de Québec mais, dans les deux cas, la maladie en est rendue à un stade très avancé. Exemples Le joual. Il est difficile de trouver une meilleure description que celle qu'en donne Ina Mihalache Solange dans https://m.youtube.com/watch?v=qYm83H5T OMM Le franglais. «Les Dieux de la danse» est, sans doute, l'émission de télé qui bat tous les records à cet égard. Les quatre animateurs doivent être reçus prochainement commandeurs de L'Ordre de la Franglaiserie». À tour de rôle tour ils prennent soin d'émailler leur propos d'un «c'est l'e fun», «cute»,«groove», «sweet», «popping», «entertainer», «oh yes»,«you are my dancing queen», «le look», «le no excuse»,etc. On doit mentionner, dans le même contexte, la contribution des postes de radio privés de la Capitale qui font tourner de la chanson anglaise à la journée longue, comme si leur auditoire était celui de London, en Ontario. Malheureusement, ce n'est pas la majestueux Festival de Québec qui va les détromper lui qui, en quarante ans, n'a jamais songé à produire un nouveau «Une fois Cinq». À l'époque on pouvait se consoler en pensant que le franglais s'était imposé à cause de la domination du conquérant dans les sphères économique et politique . Aujourd'hui, ce sont les colonisés eux-mêmes qui abâtardissent leur propre sphère culturelle en enrichissant les chanteurs anglophones avec leurs deniers publics et privés et vont jusqu'à produire des spectacles en anglais. Heureusement, il nous reste le Festival de la Gourgane. À l'honneur de ces démissionnaires le trophée «Anna braillé ène shot» a été institué en souvenir de Georges Dor. Deux communicateurs sont en lice soit José Gaudet pour son « Je l'ai wordé autrement» à l'émission «Des squelettes dans le placard»et Caroline Proulx pour son «On va dropper les gants » dans une annonce du réseau LCN. Ils n'ont pas compris que ceux qui proclament que le «chiac » sera la prochaine langue officielle du Canada pratiquaient de l'auto-dérision.
On comprend que toutes ces personnes ont le sentiment de faire jeune et d'être «dans le vent» en agissant ainsi, alors que tout ce qu'ils font c'est bien de manquer de respect envers ces jeunes et eux-mêmes et mettre en évidence leur grave pauvreté langagière et culturelle. Actions suggérées -- Presser le ministre de l'Éducation d'intervenir auprès des établissements scolaires afin qu'ils inscrivent au programme du secondaire des exercices d'improvisation afin de susciter chez les jeunes le désir d'enrichir leur vocabulaire et d'utiliser l'expression française appropriée . -- Presser le ministre des Affaires culturelles et des Communications qu'il demande aux dirigeants des postes de radio et de télévision d'insister auprès des comédiens, humoristes, animateurs, chroniqueurs qui sont en relation avec la population par les ondes publiques et, qui, pour cette raison, sont, qu'ils le veuillent ou non, des références pour l'auditoire, de bien vouloir s'exprimer dans une langue qui, non seulement, respecte ce dernier mais puisse lui servir de modèle. oooo J'avais à peine fini de rédiger ce texte que Sophie Durocher publiait deux chroniques intitulées «Le grand« vide inside »» et «English non stop » 1 qui posent un diagnostic tout aussi alarmant que celui de Mathieu Bock-Côté quelque temps auparavant.2 La Société Radio-Canada est même allée jusqu'à accorder un premier prix à une chanson écrite en franglais. Pour couronner le tout Statistique Canada nous apprenait que le bilinguisme progresse au Canada uniquement parce que plus de Québécois savent parler anglais3, en d'autres termes, le «ROC n'en a cure. Et il y a des individus qui ne sont même pas conscients qu'ils sont ainsi l'objet d'un profond mépris de la part de ceux dont ils empruntent l'identité. Et puis il y a ces merveilleux mondialistes qui, tout en chantant kumbaya, vont traiter de radicaux d'extrême droite tous ceux qui considèrent encore légitime pour un peuple qui a 400 ans d'histoire de vouloir défendre sa culture sa langue et ses institutions dans un contexte de bouleversement social, politique et religieux. ---- et à la scène humoristique Le vulgairois Nous ne parlons pas ici de théâtre mais de spectacles d’humour. Le dernier gala des Olivier a mis en lumière révélé le dialecte vulgaire développé malheureusement par plusieurs de nos humoristes et qui est censé nous faire rire. Sophie Durocher a en fait un troublant relevé dans une récente chronique.4 Elle donne quelques exemples : Marie-Lyne Joncas : «La femme est pas cousue de la noune au cul qu’elle est dans Instagram» et «La madame hait pas çà être pompette quand elle se fait pomper le cul» Anaïs Favron :«Tu peux te le rentrer où tu veux» en parlant de la statuette des Olivier Philippe Laprise :»Si j’avais à me crosser ce serait avec la crème XYZ .Elle n’est pas juste hydratante, elle glisse en chriss» Simon Gouache :«Il peut péter des noix de Grenoble avec sa raie» Mariana Mazza «T’es qui toi, chris?» --- Les femmes humoristes, en particulier semblent penser que le «vulgarois» va les rendre plus populaires. Elles n’ont pas compris que Mike Ward, et Jean-François Mercier, ont développé des personnages provocateurs dont le succès ne repose pas essentiellement sur des références aux parties génitales et des jurons. Anne Roumanoff, Florence Foresti font bien rire avec de simples mots d’esprit. On souhaiterait que ces humoristes qui passent des heures à écrire leurs spectacles cessent d'improviser et consacrent quelques minutes à la rédaction de leurs remerciements au cas où ils recevraient un trophée. Ce serait une bonne façon de manifester leur gratitude envers leur public et une bonne occasion de se rendre mémorables. __ (1) S. Durocher «Le Grand vide inside » J de Q 7 août 2017 p.40.pdf S.Durocher «English non stop» J de Q 16 août 2017 p.40.pdf (2) M.Bock-Cöté «Et si on parlait du francais» J de Q 31 luillet 2017.pdf M.Bock-Côté «Mon programme pour sauver le francais » Jd e Q 5 août p.pdf (3)Viviane Martinova-Croteau «Recensement et biolinguisme, pauvre C.pdf Christopher Nardi «Le francais perd encore du terrain » J de Q .pdf (4) « Un Olivier dans la gorge » J de Q 10 décembre 2018 p.38,
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